L’Interpride satisfaite de l’édition 2005

- Mis à jour : 8 juillet 2005 , par Jean-Benoit RICHARD

Stéphane Corbin, président de la Coordination Interpride France, tire un bilan positif de l’édition 2005 : le nombre des marcheurs est constant et de nouvelles tendances intéressantes se dessinent.

GayPride.fr - Quel bilan tirez-vous de cette édition 2005 des Lesbian & Gay Pride ? en terme de participation ? en terme de retentissement, d’écho dans la société ?

Stéphane Corbin - Le bilan des marches 2005 fait apparaître des chiffres de participation qui indiquent une stabilisation générale du nombre de marcheurs et de nouvelles tendances intéressantes.

A la Coordination InterPride France (CIF), nous sommes très attentifs au rapport qui existe entre le nombre de participants et l’ambiance pendant la marche. Un exemple frappant : Biarritz. Avec 500 participants, c’est-à-dire moins que l’année passée, tout de même sous 45° dans les rues, l’ambiance a été des plus militantes et festives, avec cette alchimie qui fait que les badauds partagent et comprennent les préoccupations des manifestants jusqu’à applaudir.

Les marches de Reims et Grenoble avec 300 participants - ce qui paraît peu en comparaison d’autres villes -, sont en réalité extrêmement importantes localement pour assurer une visibilité qui, nous le savons bien, n’est pas simple à obtenir.

Lille, partie de très loin, réussit finalement à réunir 2 500 personnes. Nancy, pour une première, mobilise 1 500 personnes, quand Angers améliore légèrement sa participation, 1 100 personnes.

Bordeaux (3 000), Lyon (5 000), Marseille (7 000), Montpellier (6 000), Paris (700 000), Rennes (500) assurent leur stabilité.

Toulouse et Nantes (2 000) sont les deux marches qui progressent le plus cette année en chiffre et en qualité d’organisation.

Début mai le thème de l’Europe, référendum oblige, a mobilisé Angers et Montpellier. Tout le reste des slogans avait à voir avec l’égalité appliquée au couple et à la parentalité.

Force est de constater que le gouvernement Villepin est resté dédaigneusement sourd à l’amélioration du Pacs, malgré l’annonce, après le 25 juin, de la présentation en Conseil des ministres de dispositions allant en ce sens.

Le couple et la parentalité on véritablement fait la une des reportages télévisés le jour de la marche parisienne, alors que ce gouvernement refuse d’ouvrir le débat public, à l’heure où l’Espagne fait preuve d’un courage politique sans précédent. La qualité des reportages télévisés, toutes chaînes confondues, est en nette amélioration. Même si les plumes et paillettes restaient visibles - et tant mieux -, le traitement des sujets étaient moins frivole et abordait bien les revendications LGBT à travers le vécu des personnes et leurs témoignages.

Parmi les nouvelles tendances dans les marches, 2005 en confirme quatre principales :

  • tout d’abord le rajeunissement sensible du public qui vient aux marches, villes moyennes ou très grandes villes confondues ;
  • la présence et la visibilité des filles, dont les lesbiennes, qui deviennent naturellement visibles - et c’est tant mieux ;
  • la présence de plus en plus nombreuse des enfants, surtout en bas âge, accompagnés de leurs parents, homos ou hétéros ;
  • et enfin la présence notoire des hétéros qui participent et ne restent plus uniquement sur les trottoirs.

La présence d’un jeune public et des enfants est de bon augure, car elle traduit une grande ouverture d’esprit. L’éducation par la rencontre est très efficace contre l’homophobie. C’est bien connu : on a peur que de ce que l’on ne connaît pas !

Autre aspect positif de ce bilan 2005 ; la capacité logistique et financière de la CIF a venir en aide à des marches. Deux villes étaient concernée cette année : Lille et Toulouse.

Avez-vous des regrets ? Y a-t-il des choses que vous auriez souhaité faire, et que vous n’avez pas trouvé le temps, les moyens, la force... de faire ?

Le principal regret concerne l’impossibilité de sortir notre autocollant revendicatif 2005, faute d’autofinancement. L’année passée cette opération avait été un succès sur les marches, les manifestants se l’arrachaient et le portaient ostensiblement.

Il est vrai aussi que le temps et l’énergie pour une telle opération ont été investis dans le soutien aux marches de Toulouse et Lille, donc rien ne s’est perdu. Le militantisme, la revendication n’ont pas le même retentissement selon la forme qu’ils prennent.

A contrario, le flyer national annonçant les dates des marches a bien pu être imprimé à nouveau cette année et distribué avec le soutien du SNEG.

Parmi les regrets aussi, c’est le manque d’implication des partis de gauche lors de la marche à Nancy. Bizarrement, l’Est de la France est une terre peu propice aux marches. A tout le moins, c’est une région où l’implication des partis traditionnellement à nos côtés n’est pas acquise.

Et l’an prochain ... ? De nouvelles villes vont-elles se joindre au mouvement ? Des nouvelles actions seront menées ?

Pour 2006, au moins trois nouvelles villes souhaitent organiser et pérenniser une marche, pour deux d’entre elles nous sommes en contact avancé.

Pour jouer complètement notre rôle, il nous a semblé important que les associations ou collectifs qui se lancent dans cette aventure palpitante n’aient pas à réinventer l’eau chaude à chaque fois. D’où l’établissement de fiches d’organisation, rédigées en collaboration avec toutes les marches, traitant de l’organisationnel, du politique, avec un point particulier concernant l’histoire des marches en France.

Ce qui compte c’est bien que chaque marche n’aie pas l’impression de faire les choses dans son coin, mais qu’elle appartient bien à un ensemble qui va dans le même sens. Ces fiches seront disponibles courant novembre.

La présence de la Coordination InterPride France au sein du conseil du Ravad (Réseau d’Assistance aux Victimes d’Agressions et de Discriminations), et son engagement dans la campagne contre les chanteurs homophobes, traduisent pour la première fois l’implication des associations organisatrices de marches dans des actions concrètes tout au long de l’année, et non plus que de mai à juillet de chaque année.


 
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