La Pride de Marseille pourra-t-elle se tenir en 2017 ?
- Mis à jour : 3 juillet 2017
Y aura-t-il une Gay Pride en 2017 à Marseille ? C’est ce que se demande avec beaucoup d’inquiétude le comité de pilotage mis en place par les associations organisatrices, à l’issue de la première réunion de travail avec les services municipaux et préfectoraux concernés par la manifestation. Dans un communiqué, les organisateurs pointent du doigt le caractère tardif de cette rencontre, alors que le dossier de la marche a été déposé début mars. « Nous avons eu une première réunion tumultueuse » nous a confié Eric Séroul, en charge de l’organisation, « dans la quasi indifférence de la Mairie ».
Au coeur du problème : la sécurisation du parcours. L’an dernier, les associations parties prenantes de la Pride Marseille avaient très mal vécu de devoir se contenter d’un événement statique, imposé parce qu’il s’était tenu quelques semaines seulement après le tragique attentat au camion bélier de Nice. En 2017, les associations veulent retrouver le pavé phocéen, et veulent partir des Réformés, descendre la Canebière, traverser le Vieux-Port pour terminer devant l’Hôtel de Ville par un concert et des prises de parole. Mais pour cela, il faut d’importants et coûteux moyens : camions lourds pour bloquer les rues perpendiculaires, signaleurs et agents de sécurité en plus des bénévoles. Pride Marseille ne les a pas, et appelle la Ville et la Police municipale « à prendre leurs responsabilités » et à se mobiliser pour contribuer à mettre en place un plan de sécurité adapté à l’état d’urgence, notamment via la mise à disposition de véhicules lourds.
Contactée par gaypride.fr, la ville de Marseille s’est montrée peu encline à réagir. Le service de presse n’a pu relayer à temps les explications des différents services municipaux concernés. Il a rappelé la charge de travail qui pèse sur les épaules des fonctionnaires municipaux à cause des nombreuses manifestations qui sont organisées dans la cité phocéenne cet été. En plus des traditionnels festivals du mois de juillet qui appellent leurs propres mesures de sécurité, Marseille est capitale européenne du sport en 2017, et elle accueille un contre la montre en individuel du Tour de France qui nécessitera de boucler la circulation dans tout le centre-ville à la même période.
Pour faire écho aux inquiétudes des associations LGBT marseillaises, plusieurs personnalités écologistes ont signé une tribune intitulée « Pour que vive la Pride Marseille », publiée sur le site yagg.com. La sénatrice Esther Benbassa, le maire de Bègle Noël Mamère, l’ancienne ministre Cécile Duflot, l’Eurodéputée Michèle Rivasi, ou encore Michèle Rubirola, conseillère départementale des Bouches-du-Rhône, notamment, demandent que « l’Etat et les municipalités apportent à toutes les Prides en France et à celle de Marseille les éléments de sécurisation des parcours. Les associations LGBT n’ont pas vocation comme le titan Atlas à porter le poids du monde. Elles n’en n’ont pas les moyens financiers ».
La ville de Marseille a toujours eu la réputation d’être singulière. Sera-t-elle la première ville de France à devoir interdire une Gay Pride faute de sécurité suffisante ?
Mise à jour du 3 juillet :
Deux jours après avoir été contactée par gaypride.fr, le service de presse de la mairie a finalement transmis un communiqué dans lequel il est précisé que « la ville de Marseille n’a aucun problème avec l’organisation d’une gaypride qui a déjà eu lieu à plusieurs reprises ». Le texte explique que « comme pour chaque manifestation festive les organisateurs doivent prendre en charge eux-même les consignes de sécurité, et cette année avec le risque attentat, le niveau est encore plus élevé ». C’est là où le bât blesse : la ville de Marseille considère la Pride comme une fête, alors que les organisateurs la concoivent comme une manifestation revendicative. La nuance est cruciale, et sera sans aucun doute au coeur de la prochaine réunion de préparation, prévue le 6 juillet.